#DRCL : Midnight Children est une relecture unique du Dracula de Bram Stoker. Créé par Shin-ichi Sakamoto, le manga suit Mina Murray, la seule étudiante de la prestigieuse Whitby School. Avec ses camarades de classe, elle forme le Club Camélia pour vaincre un mal ancien. La prémisse est suffisamment mystérieuse – et les indices semés tout au long du livre invitent les lecteurs à se demander dans quelle mesure ce à quoi ils assistent est la réalité. Malheureusement, ce mystère est éclipsé par une faille critique : l’identité de Luke/Lucy Westenra.
Sorti en anglais le 19 septembre, Midnight Children rappelle à plusieurs reprises au public qu’il s’agit d’une histoire où le genre, la nationalité et le statut social sont ignorés face à un ennemi commun. Un flashback de Quincy montre à quel point il était important pour lui que son groupe d’amis, très uni, soit aussi diversifié que possible. Les garçons tourmentent Mina, mais ils laissent entendre qu’ils changeront de comportement une fois que l’intrigue aura vraiment démarré. Ensuite, les lecteurs découvrent Luke Westenra, alias Lucy Westenra, et la confusion s’installe.
L’identité de Luke/Lucy est plus frustrante qu’inclusive
Luke est un garçon délicat au tempérament doux, un artiste au langage poétique et fleuri. Mina l’appelle « Lucy », ce qui fait de lui un remplaçant masculin de la Lucy originale de l’histoire de Bram Stoker. En soi, il s’agit d’un rebondissement original et amusant. Mais les choses se gâtent lorsque le lecteur apprend que Lucy n’est pas qu’un joli nom d’animal de compagnie. Il s’agit plutôt du nom de l’alter ego de Luke, une personnalité féminine que seule Mina semble connaître. Alors qu’il s’agirait normalement d’un signe positif de représentation d’un genre non conforme, la confusion vient du contexte entourant l’échange entre Luke et Lucy.
Lorsque Lucy est présentée pour la première fois, elle est représentée recroquevillée dans une cage à oiseaux cachée sous la veste du costume de Luke. Lorsqu’il ouvre la veste, la cage se déverrouille et Lucy est libérée. Il s’agit d’une image reflétant la façon dont quelqu’un, dans la Grande-Bretagne du 19e siècle, comme Luke, pouvait penser que sa véritable identité devait être cachée et enfermée. Plus tard, Mina explique que Lucy ne sort que la nuit, apparemment à cause du somnambulisme, et qu’elle ne se souvient de rien de ce qui se passe lorsque Luke est aux commandes. Bien que plus explicite que l’image de la cage à oiseaux, cette explication semble moins concrète, suggérant plutôt que Luke souffre de quelque chose qui s’apparente à un trouble dissociatif de l’identité.
#DRCL joue malheureusement sur les stéréotypes négatifs
S’il n’est pas impossible qu’une personne atteinte de la maladie de Creutzfeldt-Jakob ait des personnalités qui s’identifient à des genres différents, le fait que la ligne de démarcation entre cette explication et celle de Luke, qui n’est pas conforme au genre, soit si floue pose problème. Au lieu de mettre l’accent sur le rejet des stéréotypes que Midnight Children souhaite défendre, le personnage de Luke/Lucy rappelle des stéréotypes potentiellement dangereux et les met en avant, ce qui nuit à son caractère et laisse les lecteurs perplexes lorsqu’ils essaient de comprendre ce qu’on leur dit exactement.
Sakamoto a réussi à donner une tournure moderne à l’histoire classique de Dracula, en la transformant en un manga avec un art magnifique et un cadre unique, ainsi que l’héroïne de l’histoire étant la jeune Mina. Cependant, la représentation confuse de Luke/Lucy embrouille l’histoire et maintient l’attention du lecteur là où elle ne devrait pas être. La nuit symbolise traditionnellement un moment où les gens peuvent explorer leur identité à l’abri des regards indiscrets, mais elle pourrait également être considérée comme un élément déclencheur du changement d’identité de Luke. Le fait que la « vraie » explication ne soit jamais explicitée ne fait que renforcer les idées négatives sur le transgenre, ce que #DRCL : Midnight Children devra aborder.
#DRCL : Midnight Children est disponible en anglais chez Viz Media.