Avertissement : des spoilers pour The Great Gatsby #1 sont à venir.
F. Le roman de Fitzgerald, The Great Gatsby, continue d’être omniprésent près d’un siècle après sa publication, avec une nouvelle adaptation en bande dessinée de Clover Press qui témoigne de ses qualités éternelles. Décrivant la vie des nantis new-yorkais à l’apogée des années folles, The Great Gatsby a été adapté à de nombreuses reprises au cinéma, car ses thèmes du rêve américain et des effets corrosifs de la richesse sont restés pertinents pour les générations suivantes. L’adaptation de Clover par Ted Adams et Jorge Coehlo ne cherche pas tant à remettre en question les interprétations actuelles de The Great Gatsby qu’à reproduire le spectacle de l’excès pour lequel le roman est si bien connu. Le résultat est une adaptation qui traduit, plutôt qu’elle ne transforme, le pilier des cours d’anglais des lycées américains de Fitzgerald en un nouveau support visuel et textuel.
Le Grand Gatsby est centré sur un nouveau venu, Nick Carraway, dans la ville fictive de West Egg sur Long Island, où il loue un humble bungalow à côté du manoir extravagant d’un homme nommé Gatsby. Sa cousine éloignée, Daisy Buchanan, et son mari Tom vivent à proximité, et c’est à travers le triangle amoureux entre Tom, Daisy et Gatsby que Carraway découvre à quel point leur vie est insatisfaisante, malgré leur richesse. L’écriture de Fitzgerald décrit en détail les subtilités sociales qui sous-tendent les interactions de Carraway, révélant la façade creuse qui se cache derrière la société polie.
Toute adaptation d’un classique, qu’il s’agisse d’un livre, d’une pièce de théâtre ou d’un film, soulève la question de savoir pourquoi il est nécessaire de reproduire l’histoire en premier lieu. Quel enseignement peut-on tirer de la résurrection d’une histoire vieille de près de cent ans dans un format de bande dessinée ? Comment ce nouveau support complète-t-il les thèmes de l’original ? L’adaptation d’Adams et Coehlo ne permet pas de répondre clairement à ces questions, car il semble que leur principal objectif soit de transposer fidèlement le roman de Fitzgerald dans un format graphique avec le moins de perturbations possible. The Great Gatsby #1 bénéficie toujours de la prose de Fitzgerald, même si son style verbeux semble quelque peu maladroit sur la page, ce qui sera suffisamment satisfaisant pour les fans du livre. Cela dit, même si Adams et Coehlo sont capables d’adapter ce classique américain à un nouveau format, il reste une question persistante sur ce qu’ils auraient pu réaliser artistiquement s’ils n’étaient pas si liés à chaque mot de Fitzgerald.
Si l’adaptation de The Great Gatsby par Clover fonctionne certainement, sa stricte adhésion au texte et aux descriptions de Fitzgerald lui confère une qualité trop rigide qui entrave son potentiel en tant que bande dessinée. Par exemple, deux panneaux présentent le logement de Carraway à West Egg, montrant une petite maison de plain-pied et un intérieur douillet occupé par sa femme de ménage, tandis que la narration dit : « J’ai trouvé une maison, un bungalow en carton battu par les intempéries, à quatre-vingts euros par mois. J’avais un chien… et un vieux Dodge et une femme finlandaise, qui faisait mon lit et préparait le petit déjeuner… » Le texte du roman, bien qu’agréable à lire, n’est finalement pas nécessaire pour communiquer ce que l’art établit déjà sur les conditions de vie simples de Carraway. Les mots de Fitzgerald sont suffisamment vivants pour que le lecteur puisse glaner les mêmes informations et sentiments à partir de l’œuvre d’art du livre, avec l’aide de l’interprétation d’un artiste.
C’est essentiellement l’énigme de l’adaptation de The Great Gatsby : elle est tellement attachée au texte de Fitzgerald qu’elle n’explore pas ce qu’elle pourrait être si elle faisait un saut interprétatif. Les fans du livre ont déjà fait l’expérience de sa forme originale, mais ce qu’ils n’ont pas encore expérimenté, c’est un rendu visuel des mots évocateurs de Fitzgerald. Bien qu’il s’agisse d’une lecture simple et agréable qui satisfera les puristes du livre original, The Great Gatsby #1 semble être une occasion manquée d’apporter un éclairage nouveau et interprétatif sur un classique américain.
The Great Gatsby #1 est maintenant disponible à l’achat partout où l’on vend des bandes dessinées.